Je
suis toujours étonné de lire ici où là que le végétarisme serait une solution à
l'élevage ou aux mauvais traitements des animaux. Devenir végétarien fait partie
d'un choix personnel comme celui d'embrasser une religion. Cette religion
n'étant en rien une solution toute faite pour résorber la misère du monde. Il y
a là, dans cette idée fortement ancrée que le végétarisme viendrait soulager la
cause de l'animal un non sens et surtout on lui fait endosser un emploi qui n'est
pas celui qui lui est intrinsèquement dévolu.
Cela
crée une opposition entre gentils végétariens et méchants consommateurs de
viande. Ce qui est encore une fois aberrant.
Les
mauvais traitements dans le monde de l'élevage existent, comme dans le monde du
travail sans que cela soit systématique. Regardons les événements avec calme et
discernement vers ceux des éleveurs qui ont trouvé leur point d'équilibre.
Un
cheptel raisonnable en taille (une cinquantaine de vaches laitières par
exemple), une alimentation fourrage exclusivement et une qualité de lait qui
leur permet d'être en bio ou de fournir une laiterie qui fait de la production
de fromage. Ou une production fromagère sur la ferme (avec une AOP si
possible), mais avec plus de bêtes et de personnel.
L'élevage
intensif ou industriel est récent en Europe et particulièrement en France. La
majorité des fermes d'élevage comme de production laitière reste dans des
proportions de troupeaux tout à fait raisonnables, exception faite de quelques
fermes qui s'approchent plus de l'usine.
C'est
un manque de personnel (rentabilité) qui est toujours à l'origine des mauvais
traitements. Les cadences (surtout dans l'abattage), l'emploi systématique
d'engins dans l'espace des animaux, des lieux inadaptés au confort de l'animal,
des erreurs de conception dans l'aménagement des lieux d'élevages et également
des concepts d'élevage qui ne prennent pas en compte la réalité de l'animal et
de son parcours sur terre.
Tous
ces problèmes ont une solution.
Revaloriser
les métiers de la viande et du lait, payer les productions à un juste prix aux
producteurs. Le juste prix permet d'avoir moins de bêtes ou d'embaucher du
personnel. Donc une grande partie des solutions sont d'ordre économique et donc
en soi, politiques.
La
grande distribution, en France, qui fixe arbitrairement les prix est la
première à porter une lourde responsabilité dans cette problématique.
Moins
de viande et de lait, de meilleure qualité et à un juste prix pour tous et non
pas au seul avantage de celui qui commercialise.
Cela
peut paraître simpliste, mais c'est la base d'une évolution nécessaire pour que
l'avenir de l'animal d'élevage soit moins problématique qu'aujourd'hui.
Mais
nous citoyens consommateurs comment pouvons-nous intervenir dans ce système
déjà établi ?
Changer
nos habitudes et notre relation au commerce en privilégiant les circuits courts
(AMAP, Coopératives, ventes directes, petits magasins de proximités et
indépendants, etc.).
Mais
le monde agricole doit lui aussi se diriger vers cette commercialisation de ses
productions.
Et
le monde politique doit s'investir dans ce sens, à nous de devenir très exigeants
avec notre bulletin de vote! Les cantines scolaires, restaurants municipaux,
d'entreprises, d'Ehpad, d'hôpitaux, tous ces lieux doivent bénéficier des
circuits courts qui échappent au dumping commercial des grandes surfaces.
Je
ne prône pas leur disparition, mais un retour à un juste équilibre dans la
chaine des prix.
Pour
vous en convaincre, regardez d'où viennent vos fruits et légumes et imaginez le
trajet qu'accomplit le produit qui est devant vous sur les rayons de votre
supermarché!
C'est
donc un choix, une attitude pleinement humaine, qui nous élève dans notre
cheminement terrestre, comme la communication avec le monde animal le fait.
À
vos assiettes !