samedi 23 janvier 2021

les médecines naturelles victimes d’une stratégie sanitaire paradoxale

 

Antibiorésistance animale : les médecines naturelles victimes d’une stratégie sanitaire paradoxale

Caroline Pelé  rédigé le 15 janvier 2021 à 14h48

Alternative santé.fr

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imitez au maximum les antibiotiques et privilégiez les traitements alternatifs : c’est le message officiel adressé aux éleveurs et vétérinaires depuis une dizaine d’années. Seulement voilà, s’ils utilisent des médecines douces pour soigner les animaux, ils sont souvent « hors la loi » au niveau réglementaire. Une situation absurde au moment où la lutte contre l’antibiorésistance n’a jamais été aussi urgente.

S’il fallait encore démontrer le lien entre antibiorésistance animale et humaine, l’histoire de la bactérie Salmonella en serait un exemple flagrant. En effet, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont prouvé que si la Salmonelle résiste aujourd’hui à l’ampicilline (antibiotique utilisé en santé humaine), c’est à cause d’antibiotiques donnés largement au bétail dans les années 1950.

L'antibiothérapie animale, facteur d'antibiorésitance chez l'humain.

Ils ont analysé des souches très anciennes de salmonelle, qui se sont révélées résistantes à l’ampicilline alors même que celle-ci n’était pas encore commercialisée pour l’homme... Pour expliquer cet anachronisme apparent, les chercheurs ont fait le lien avec la pénicilline distribuée régulièrement voici 70 ans aux bœufs et vaches en Amérique du Nord et en Europe pour les faire grossir. Ce qui a pu « favoriser la propagation de gènes de résistance chez l’homme » avance l’étude. Cette découverte a accentué encore l’urgence de la lutte contre la résistance aux antibiotiques, sachant que celle-ci cause chaque année 25 000 décès en Europe.

Les agences sanitaires pressent médecins et vétérinaires de limiter au maximum le recours à ces molécules. Réduire leur usage dans les élevages, c’est l’objectif des plans Ecoantibio lancés depuis 2012. Une mission en bonne voie puisqu’en 2018, les éleveurs avaient baissé leur consommation d’antibiotiques de 45% en huit ans. Pour cela, ils ont dû trouver des traitements alternatifs comme l’homéopathie, la phyto-aromathérapie ou l’acupuncture. Paradoxe de l’histoire, les médecines par les plantes sont à la fois encouragées en santé vétérinaire par les agences sanitaires et sanctionnées par la réglementation. Résultat, éleveurs et vétérinaires travaillent au quotidien sur le fil de la légalité.

 

 

Description : cône alerte