Le BEA ou bien être animal, qu'es a qu’o ?
C'est un texte législatif, en évolution, qui définit l'environnement, l'alimentation, la bonne santé et la possibilité pour l'animal d'exprimer son comportement naturel.
Au-delà de la législation qui crée certaines obligations, il y a notre approche du monde animal, notre sensibilité et notre envie de donner à l'animal toutes ses chances pour qu'il ait une bonne et belle vie à nos côtés.
C'est louable, nécessaire, indispensable et surtout respectueux de sa sensibilité et des retours de bonheur qu'il nous procure ou encore son abnégation à vivre à nos côtés, sachant qu'il est là pour contribuer à notre alimentation, la délivrance de ses produits tout au long de sa vie avec ce cadeau ultime, sacrificiel pourrait-on dire, de nous donner sa propre chaire.
Les peuples anciens pratiquaient les sacrifices rituels, ainsi ils honoraient cette vie en commun à des moments symboliques bien précis . N'oublions pas que moult civilisations ont sacrifié des êtres humains de la même façon !
Si la législation aujourd'hui définit le BEA, l'encadre en le réglementant, en en faisant une obligation avec responsabilité notamment au sein des élevages, il est également obligatoire pour tout citoyen détenteur d'un animal de compagnie avec des règles tout aussi strictes quant à sa détention, son usage ou la sécurité des autres citoyens.
Le puçage, le tatouage d'identification, la divagation en liberté sont strictement encadrés et les contrevenants s'exposent à des amendes.
Le BEA tel qu'il est légalement défini crée l'obligation de veiller à ce que son animal ne soit en aucun cas exposé à la souffrance physique comme psychologique. C'est un grand pas en avant par le regard que porte notre société sur ces animaux qui ont "envahi" nos villes, comme ceux qui peuplent nos campagnes, ne laissant plus aux agriculteurs ou aux propriétaires de gentils toutous le soin de s'inquiéter du BEA de leurs animaux.
Dont acte, la société civile se civilise un cran de plus. Soyons-en heureux surtout pour le bénéfice de ces animaux qui partagent notre quotidien.
Beaucoup de bons sentiments, des avancées multiples…mais comment faire, comment s'approprier cette notion de BEA, la faire sienne, l'extrapoler pour peut-être la dépasser, l'adapter à notre vie quotidienne, des questions, encore de questions !
Suis-je un bon maître ? Ai-je toujours bien agi envers mes animaux ? Suis-je légalement dans les clous ? Et surtout comment savoir si mon ou mes animaux sont réellement heureux ?... Enfin ! Ouf ! Une vraie question: Et lui, qu'est-ce qu'il en pense ? Ne pourrait-on pas commencer par lui poser la question ?
- Le Bien-Être, c'est quoi pour toi ?
- Vaste question, répond Médor,
- Vas-y, nous t'écoutons,
- "Le bien-être c'est comme le bonheur, tout est relatif et c'est trop différent d'un chien à un autre, ce qui est également valable pour les chevaux, comme pour les chats ou les dindons. Mais ne nous égarons pas.
Les uns se contenteront d'un os à ronger et l'absence de coups de pied ou de bâton, d'autres voudront une gamelle en argent pour sucer les os de succulents volatils rôtis à la broche.
C'est affaire de goût me direz-vous et je vous le concède volontiers, mais regardons de plus près ce qu'est le bonheur sinon le bien-être pour nous autres.
Une gamelle pleine, un toit pour la pluie ou le froid et encore je connais de ces chiens de traîneaux qui dorment en boules dans la neige ! Brrr… cela me glace les os. Vous voyez que ce n'est pas simple.
Une bonne santé passe par une bonne nourriture, adaptée à ce que nous sommes au naturel. Moi qui suis un descendant des carnivores chasseurs, un lapereau ne me fait pas peur, mon voisin le chat aime les souris qu'il croque volontiers, comme le pigeon glane le blé sur l'aire de battage. Voyez, chacun son bonheur quotidien, mais en même temps ce n'est pas si compliqué que cela.
Quelques caresses au passage, une vie à vos côtés pour faire une partie du chemin qui nous a amenés sur terre, et quoi d'autre ? Ce serait déjà bien.
Nous nous contentons de peu. Faites-en de même à notre égard et ce sera déjà bien."
Merci Médor.
Médor est un philosophe me direz-vous, mais dans cette sagesse il y a bien plus que cela, il y a un point de vue qu'il ne faudrait pas occulter. Outre le fait que d'un animal à l'autre il ne peut y avoir que des différences sauf peut-être sur une étroite plateforme commune, c'est également peut-être nous les humains qui en avons une vue biaisée de ce BEA. Et jusqu'où cherchons-nous à nous donner bonne conscience, pourquoi avoir attendu si longtemps pour nous pencher sur la question, même si elle était là, n'ergotons pas trop…
Comment s'y retrouver et comment cheminer plus loin avec cette idée de bien-être ?
Une fois que nous l'aurons attrapé, comment l'entretenir, le garder, faire qu'il soit une attitude commune, acquise, quotidienne sans trop d'effort dans la durée ?
Et puis ce n'est pas tout, car il y aura rapidement un label commercial "BEA 100% garanti" et là encore une fois les choses deviendront plus complexes.
Pourquoi garantir un minimum de BEA sans en faire un argument commercial donc pécuniaire ? Une telle occasion cela ne se rate pas. Dès que l'on parle commerce, on arrondi les angles, on déroge (Glyphosate), on "moins-disant", bref on nivelle par le bas, car concilier BEA et rendement n'est pas une évidence, il y aura nécessairement des lieux où cela va coincer. Ne serait-ce que dans le monde des abattoirs, le transport, l'international (pour l'heure c'est une initiative française), quid du veau né en France engraissé en Italie ou en Espagne et qui revient en France pour faire de l'escalope: aura-t-il encore son label BEA ? Quel contrôle aurons-nous sur son voyage à l'étranger ?
Vous voyez, cela n'est pas si simple et malgré toute notre bonne volonté cela risque de coincer ça et là.
Et le "greenwashing" ? trouverons-nous un équivalent; BEA-washing ? Que cela ne nous effraie pas, il y a toujours des solutions, des filières à monter, de l'innovation, de la pédagogie, bref, du travail.
Une méthode peut-être ? Des outils d'évaluation ? Des conseils avisés…
Essayons d'y contribuer !
À suivre…