jeudi 5 janvier 2017

Hyper-ruralité ?



Quésaco ? L'hyper-ruralité est un concept issu d'un rapport commandé le 11/02/ 2014 au sénateur de Lozère Mr Alain Bertrand. (remis le 30/07/14) www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/144000475.pdf

"La notion de « ruralité », susceptible de concerner 80% du territoire, ne fait plus sens. L’hyper-ruralité existe bel et bien : 26% du territoire accueillent seulement 5,4 % de la population française et se distinguent, outre la faible densité de population, par le vieillissement, l’enclavement, les faibles ressources financières, le manque d’équipement et de services, le manque de perspectives, la difficulté à faire aboutir l’initiative publique ou privée, l’éloignement et l’isolement sous toutes ses formes. En un mot : un entassement de handicaps naturels ou créés."

Puisqu'un dessin vaut mieux qu'un long discours, voici une carte qui vous éclairera.


À première vue cela semble cohérent en regard de la définition suscitée.
Quand je regarde l'ex-région Auvergne; Allier, Puy-de-Dôme, Cantal et Haute-Loire, il me vient à l'idée que l'autoroute "la méridienne" repousse de chaque côté du talus cette hyper-ruralité qui nous dit-on serait privée de, presque, tout. Sauf qu'en Lozère, fatiguée d'un tel effort, elle se laisse envahir, comme l'herbe sauvage envahit les routes abandonnées.
Le Cantal, partiellement arrosé par cette autoroute (gratis !) est lui aussi envahi par le désert, qui n'est pas encore celui des Tartares… Nos cousins Creusois, ou du nord et sud-Aveyron ou encore ceux du Lot sont également privés des bienfaits de la civilisation et si on n'y prête pas garde; merci, monsieur le sénateur, se retrouveront condamnées à la fermeture comme de vieilles manufactures obsolètes ! Triste paysage que celui de cette ruralité qui se délite, trop éloignée des centres, et surtout de Paris qui décide de tout, même du contenu de la perfusion que l'on se prépare à administrer à cette hyper-ruralité !
Je ne crache pas dans la soupe, attention, je découvre ébahit que je vis dans cette hyper-ruralité sans, comme monsieur Jourdain, le savoir.
J'en suis plutôt réjoui, d'autant que les édiles politiques parisiens, quoiqu’issus de nos belles provinces, s'en occupent ou tout du moins s'y intéressent. La preuve, mauvaises langues: le rapport !

Une mauvaise langue faisait remarquer que la carte d'occupation du territoire par le loup se superpose assez bien sur cette même carte de l'hyper-ruralité. Cela prouve seulement que le loup n'est pas si bête !
Pourquoi installer son commerce de viande ovine en centre-ville quand il y a tant de place ailleurs?
Je n'irais pas plus loin, car ces deux sujets mis en commun sont polémiques au-delà du raisonnable. (Certains accusent même l'État de casser le thermomètre de l'avancée du loup sur notre territoire !)

Revenons à notre hyper-ruralité.
Est-ce un bienfait qu'il nous faut jalousement préservé (style réserve d'Indiens ?) ou est-ce une malédiction que le câble, internet, le soutien de l'état pour les projets et toutes ces bonnes mesures, va éradiquer, c'est sûr: le rapport !
Moi j'attendrais pour voir. Et puis le président va changer, les ministres aussi et le rapport… qui le lira d'ici quelques mois ? Et quid des mesures déjà abordées ?

J'aurais appris que j'étais un hyper-rural, et c'est déjà bien suffisant pour aujourd'hui.
À bientôt.