Le loup
dans le Jura ou l'ours dans les Pyrénées
La
période estivale (été, estivants) est également celle de l'estive dans les montagnes.
On mène les troupeaux en altitude pour qu'ils profitent de l'herbe des hauteurs
riche en lumière et en arôme, ce qui donne au fromage un autre gout que celui
du printemps ou des plaines.
Cette
pratique est "naturelle", car les troupeaux sauvages d'eux-mêmes ont
toujours accompli cette migration. Quand on revient à l'automne, l'herbe a
poussé et les vallées sont plus accueillantes, moins soumises à la rigueur
climatique des cimes.
Mais
aujourd'hui la montagne se partage, ou devrait pouvoir se partager, car si les
moutons garnissent les flancs des montagnes, les prédateurs sont également de
la partie depuis trente ans maintenant. Et la rencontre entre troupeaux et prédateurs
ne peut pas bien se passer. Un même territoire et deux logiques.
Le
pastoralisme souffre et la biodiversité, si mal en point dans nos écosystèmes
modernes, souffre également. Comment résoudre ce problème épineux ?
Loin
de moi de proposer une solution toute faite, mais cette cohabitation doit être
possible, nous en avons besoin les uns comme les autres. Pour l'heure, la société
est divisée face à ce nouveau défi.
Du
"tout contre" au "tout pour" et entre les deux, les autres
qui voudraient bien vivre en paix avec tout le monde.
C'est
un des problèmes de notre société moderne où la "Nature" est trop lointaine
ou profondément méconnue. La réalité n'est pas la même selon son lieu de
résidence, de vie ou d'origine.
La
France est un pays où les origines familiales sont encore majoritairement rurales,
mais maintenant cela remonte à quatre ou cinq générations. Ceci explique
peut-être cette déconnexion d'avec la vie à la campagne. (Procès pour mauvais
voisinage avec un coq matinal !)
À
contrario ceux qui sont les acteurs du monde agricole en sont devenus des
"spécialistes" comme des propriétaires exclusifs, dénigrant le droit
aux autres d'arpenter ou de concevoir la nature comme un lieu de villégiature.
Et c'est vrai également pour les deux animaux emblématiques de la prédation; le
loup et l'ours. (Sans oublier le vautour !)
Pourtant
ils sont là, que cela nous plaise ou pas, ils sont présents et à moins de les
éradiquer par une chasse systématique, ils font partie de notre biotope.
Bref,
il faut faire avec. C'est un enjeu passionnant et un défi pour notre société.
Si
nous échouons, nous serons passés à côté d'une chance unique d'inverser la
tendance destructrice de l'homme vis-à-vis de son environnement.
Aujourd'hui,
l'enjeu climatique et plus largement environnemental nous force à regarder les
"choses" autrement. ("Nouvelle image de la nature" de JB
Callicot)
Arriverons-nous
à trouver en nous les ressources nécessaires à cette cohabitation[1]
apaisée et durable ? C'est plus qu'un souhait, cela doit devenir un but à atteindre.