mercredi 9 novembre 2016

La ferme ou "l'organisme agricole": Une vision du futur ?



Ce terme d'organisme nous renvoie à notre organisme, ce qui est organisé. Mais surtout à l'organe qui est vivant. C'est bien de cela que je voudrais parler.
Aujourd'hui, la monoculture ou la spécialisation en matière d'élevage nous éloigne de la ferme d'autrefois où tous les animaux "classiques" se côtoyaient.
On se souvient de "Veau, vache, cochon, couvée" de Perrette et son pot au lait. L'idée même de développement se faisait à travers la diversité des espèces en osmose sur le territoire de la ferme.
Cela relève désormais d'un choix, d'un engagement vis-à-vis de l'idée même que l'on a de sa ferme. Aucun système n'est parfait et il n'est pas dans mon intention de jeter la pierre à qui que ce soit. La réalité du moment que l'on appelle également économique n'est pas une donnée à prendre à la légère. Dont acte.
Pour ceux qui aiment la diversité et qui pensent qu'une ferme doit s'approcher au plus près d'un organisme en équilibre, il convient de proposer quelques images parlantes. Non pas par passéisme, mais plutôt pour redonner à chaque animal sa place dans la cour de la ferme.
Il serait aisé de recourir à nos souvenirs d'enfance, et ce serait un bon début.
Les canards et autres oies, près de la marre où s'abreuvent les ruminants qui rentrent le soir pour la traite, le poulailler bien hermétique qui protège les poules après une journée à gratter la terre aux alentours de la ferme, les cochons qui labourent consciencieusement le jardin de l'année prochaine, etc. Les exemples ne manquent pas.
Ce qui manque parfois aujourd'hui, même dans ces lieux qui essayent de redonner vie à cette continuité animale c'est le sens que l'on donne à la présence de tous ces animaux.
L'interaction entre divers éléments constitutifs d'un tout n'est plus à démontrer, comme le fait qu'un tout est supérieur à la somme de ses constituants.
Ça, c'est la donnée quantitative, mais aussi qualitative. La qualité de l'ensemble réside dans l'interaction des éléments entre eux.
Chacun agit à son niveau, dans sa spécificité puisque c'est la particularité du monde animal. Il est "sur-adapté" pour une tâche, mais parfois très "mauvais" pour une autre.
Donnons-lui alors la possibilité de s'exprimer totalement.
La volaille, par exemple. La poule nous donne des œufs, des poulets, des plumes pour nos édredons et sa carcasse pour une poule au pot du dimanche.
Abnégation de l'animal au service de l'humanité et surtout de son développement. (N'en déplaise aux sans viande).
Mais la poule gratte la terre. Ce qui peut être destructeur au jardin, mais elle ameublit le sol, donc il nous faut du doigté !
Elle gratte, retourne, bine à sa manière l'espace de la ferme. Elle affectionne les lieux où le grain a été déchargé, battu, transporté…elle transformera nos restes alimentaires (on réintroduit des poules en ville pour réduire nos poubelles !), elle fouille le crottin, le retourne, le dynamise, etc.
Bref, elle est utile à la vie, au nettoyage de l'espace.
Mais elle a également un rôle invisible. Elle dynamise l'espace par sa présence et son déplacement, elle fait partit des oiseaux et c'est leur tâche que de faire vibrer l'astral dans notre environnement.
Cela peut paraitre anodin, mais c'est loin de l'être.
Qu'est-ce qui donne de la vie, de la lumière, de la chaleur à notre espace ? Comment tout cela se met-il en route et comment ces différents éléments se trouvent-ils à être répartis dans l'ensemble de cet "organisme agricole" auquel j'ai fait référence au début de cet article ?
C'est bien la collaboration des éléments et des animaux qui vivent sur la ferme qui permet cet échange, cette osmose et l'équilibre général souhaitable.

Enfermez vos poules toute la journée dans un espace confiné, sécurisé certes, et vous passerez à côté d'une richesse qui ne coûte rien, mais qui peut grandement améliorer votre environnement.
Les moutons passaient la tondeuse sur nos talus, les chèvres et les ânes débroussaillaient les chemins sans dépense de gas-oil ni de pollution, les canards régulaient les limaces au jardin et les poules les chenilles.
Les uns finissaient de brouter dans les coins, ou ce que laissait le cheval ou les vaches, tout le monde y trouvait son compte pour la plus grande joie et le bénéfice du paysan.
Le berger ou la bergère remplaçait le fil de fer barbelé… le tracteur n'était qu'un faible "Pony" de 1954 avec un moteur Simca de 16 cv qui équipait les Arondes, et pourtant c'était déjà le déclin annoncé de la traction animale qui allait reléguer le cheval, cet ami de l'homme, au rang d'animal de loisir, mais c'est une autre histoire.

Pas de passéisme ! Juste une idée à méditer de ce que nous avons fait du monde de la ferme. Et dire que la permaculture voudrait nous faire revivre tout cela. Passé ou avenir ?