La nature nous entoure. L'homme l'a modelée patiemment au
cours des siècles. Ou violement dans ces dernières décennies. La forêt primaire
à Bornéo comme au Brésil laissant la place à la culture intensive du palmier à huile.
Une catastrophe écologique sans précédent.
Mais chez nous, quel rapport avons-nous au monde sauvage,
faune et flore ?
Les citadins ont besoin de se promener à travers la nature
pour se ressourcer. C'est une excellente idée, les chemins de randonnée ont
pullulé sur l'ensemble de notre territoire, les GR font recette tout comme les
chemins de Saint-Jacques.
La marche à pied est à la mode, GR20, Chemin de Stevenson,
Chemin de Régordane, Sentier des douaniers, etc.
L'hommo-sapien-citadicus parcourt la campagne. Il s'ouvre au
monde des petites fleurs, comestibles de préférence, vit sa survie dans la
nature comme une aventure intrépide ou stimulante, quand ce n'est pas son
entreprise qui l'envoie manger des pissenlits autrement que par la racine…je
m'égare. Pardon.
Mes amis botanistes, animateurs de stages de pleine nature
me pardonneront ce dérapage.
C'est une façon de voir et de parcourir la campagne, de
s'imprégner de nature sauvage.
Reste la question de notre rapport au monde sauvage, au-delà
de ce tourisme vert. Qu'en disent nos contemporains qui vivent à la campagne ? Ils
y sont bien, mais préfèrent que les routes soient déneigées en hiver. Tâche qui
incombe maintenant aux communes sur leur territoire hormis les grands axes.
En général, cela se passe bien, pneus neige et équipements
spéciaux prennent le relais, les autochtones sont habitués. La neige reste un
facteur climatique ponctuel, hivernal auquel on est familier.
C'est dans ces moments d'exception que l'on peut se
questionner dans son rapport à la nature. Le matin au réveil tout est blanc.
Calme, tapis immaculé de neige… tableau bien particulier qui change notre
vision du paysage.
La nature est là à notre porte, météorologique, mais
soudaine. Elle nous plonge dans un état bien particulier. Méditatif ou
besogneux, car il faut pour sortir, pelleter la neige.
Notre rapport au "monde sauvage" prend toute sa
dimension. C'est l'état extraordinaire qui nous met devant notre relation à la
nature.
Nous avons le souvenir des traces dans la neige; Lapin ? Chat
? Ongulé ? Renard ? Martre ? Poules ? Oiseaux ?
etc.
La neige comme révélatrice de cette faune sauvage qui nous
entoure. Émerveillement devant ces traces, à moins que ce ne soit un
prédateur…et nos réflexes de chasseur reprennent le dessus, surtout si notre
poulailler est en danger.
Ainsi nous plongeons instantanément dans notre nature
humaine face à celle de la "nature". Le sauvage vient à notre porte,
parfois fouiller dans nos poubelles.
Qu'en est-il de la frontière qui s'est établie entre le
"sauvage" et notre monde civilisé ?
Comment acceptons-nous sa
présence en parallèle à notre monde ? Et d'abord qui est chez qui ? Lui
chez nous, ou nous chez lui ? Historiquement, il était là avant nous. Mais nous
avons inversé la tendance, tout du moins dans notre hémisphère et dans notre
espace européen. La forêt primaire a disparu, il faut aller aux confins de la
Pologne et de l'Ukraine pour trouver des espaces sauvages où le loup, l'ours,
le bison sont encore présents, bien que ce dernier soit issu d'un repeuplement.
Dans notre hexagone le problème est clair. Le boisement du
19° siècle a figé des espaces, les parcs naturels du 20° siècle ont parachevés
la chose, en dehors nous sommes obligatoirement chez quelqu'un, donc dans un
paysage aménagé.
Ainsi comment vivons-nous dans ces espaces frontaliers entre
territoire aménagé et espaces "naturels" souvent protégés ?
Faune et flore ?
Le remembrement, la puissance des tracteurs, l'éradication
des haies, l'aménagement de certains cours d'eau, l'asphalte des parkings, le
bétonnage de nos côtes…la liste est longue, la "nature" recule,
l'espace sauvage se restreint, les animaux sauvages reculent, ou s'adaptent.
Territoire de l'ours des Pyrénées, du loup, qui lui a trouvé
temporairement la solution en franchissant le Rhône pour venir jusque dans nos
montagnes volcaniques !
Polémiques entre partisans et antis, écolos et agriculteurs,
citadins et ruraux… même si la frontière est loin d'être si nette, pardon là
encore c'est une caricature provocatrice de ma part !
Et le campagnol, le rat taupier qui laboure les prairies ?
Comment vivons-nous avec eux ? Nuisibles ?
Le renard consomme à lui seul ou avec sa famille en un an, de
sept milles à un million de ces petites bestioles qui labourent les pairies. Le
nuisible c'est qui ? Et les rapaces qui eux aussi aiment ce campagnol terrestre
dans leur alimentation,
en supprimant les haies, certains ont détruit leurs habitats
naturels ou leurs lieux de passage protégés.
Nous avons mis du barbelé sur la prairie, mais nous avons
aussi fabriqué une frontière mentale entre le monde "sauvage" et le nôtre.
Surtout au nom du profit agro-quelque chose.
Le retour à l'équilibre est simple, sous notre nez.
Renouons avec le monde sauvage, laissons-lui sa place et
nous en tirerons tous un immense avantage.
www.alepe48.fr/app/download/.../Renard%20LN%20du%2027%20mars%202015.pdf?t...